Plusieurs cas de charbon bactéridien dans le Cantal : qu’est-ce que la « fièvre charbonneuse » et quels sont les risques pour la santé publique ?

Plusieurs cas de charbon bactéridien dans le Cantal : qu’est-ce que la « fièvre charbonneuse » et quels sont les risques pour la santé publique ?

Publié le 13 sept. 2024

Depuis plusieurs semaines, notre équipe Diagnostic vétérinaire du Cantal est mobilisée pour des analyses de charbon bactéridien, appelé communément « Anthrax », une bactérie très contagieuse qui sévit sur les troupeaux de ruminants et la faune sauvage, mais également transmissible à l’Homme. Comment se propage la bactérie ? Comment cette maladie dite « endormie » a pu refaire surface sur les terres du Cantal ? Zoom sur cette situation exceptionnelle.

 

« Notre rôle est d’aider les éleveurs à minimiser les pertes au sein de leur cheptel, si celui-ci est touché. Nous travaillons également en lien étroit avec la DDETSPP, c’est notre mission en tant que laboratoire de service public : protéger la population des épidémies animales qui peuvent les mettre en danger. » Céline Poirier, technicienne en santé animale à TERANA CANTAL.

Une bactérie très dangereuse pour les bovins et les ovins

Le charbon bactéridien, ou Bacillus anthracis, est une bactérie productrice de toxines qui peuvent être létales pour le bovin et l’ovin, et transmissible à l’Homme. Elle cause la « fièvre charbonneuse », caractérisée par une hémorragie interne très rapide chez les animaux et causant la mort dans la plupart des cas en quelques heures seulement. Cette bactérie se retrouve potentiellement dans l'eau mais surtout dans le sol, où les spores se dispersent facilement et peuvent être enfouies ou remuées en fonction des conditions météorologiques. Elle est aussi très résistante et peut vivre jusqu’à plusieurs décennies dans le sol, sous forme sporulée.

Une situation rare relevée dans le Massif central

Depuis plusieurs années, la maladie était en dormance dans les Monts du Massif central. C’est après des travaux de drainage dans une estive cantalienne pour l’installation d’un point d’abreuvement pour bovins que la bactérie serait remontée « à la surface », la terre ayant été remuée en profondeur. Les spores du Bacillus, volatiles, se sont donc dispersées très rapidement sur les estives voisines, contaminant plusieurs dizaines d’hectares sur lesquels de nombreux troupeaux broutaient encore cet été.

Les premiers cas de morts subites relevés mi-juillet

Depuis les premiers cas de morts subites relevés dans le Cantal, les analyses affluent dans notre laboratoire aurillacois, qui doivent rester aux aguets 7 jours sur 7, afin d’être prêts à mettre en culture les échantillons reçus sous 6 à 24h. En quelques semaines, ce sont plus d’une quinzaine de prélèvements qui sont arrivés au laboratoire d’Aurillac, tous testés positifs à la bactérie, après la mort d’une quarantaine d’animaux. Seul remède : la vaccination, rendue compliquée à la suite de la pénurie de vaccins qui semble durer.

Les laboratoire d’Aurillac et Nevers, nos laboratoires de confinement de niveau 3 (L3)

Les manipulations au sein du L3, associées aux analyses de bactéries dangereuses et zoonotiques comme les germes responsables de la brucellose, la tularémie, le charbon bactéridien, suivent un protocole strict. Confinement des agents biologiques manipulés, entrée dans la salle d’analyse par un sas, manipulations sous PSM, port d’une combinaison, gants et de masque FFP3 sont notamment obligatoires pour assurer la sécurité des agents et pour éviter la contamination extérieure lors des analyses.

Pour en savoir plus, vous pouvez lire l’article de l’Union du Cantal ou l'article de La Montagne.
Et pour contacter nos experts en diagnostic vétérinaire, c’est par ici.